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Dans le silence, l’alléluia

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8 Avril 2023

Comme dans l’évangile de Jean, dans celui de Matthieu la venue des femmes au tombeau n’est pas motivée par une onction à compléter. Marie de Magdala et Marie, mère de Jacques et de Joseph, témoins de la crucifixion (27,56), vont, dit Matthieu, « contempler », regarder longuement en méditant, ce tombeau qui renfermait le corps du Maître, de leur Seigneur crucifié.

C’est ce que fait l’Église dans le Triduum pascal, où le silence est aussi fort que la parole, écho du silence de Jésus qui va à l’abattoir comme un agneau silencieux. Un long silence d’adoration a suivi la Cène du Seigneur du Jeudi Saint et  a ouvert la célébration du Vendredi, pour se prolonger tout au long du Samedi Saint, le Grand Samedi, comme l’appellent les Orientaux.

Les deux femmes restent longtemps dans ce silence qui contraste avec l'agitation des foules et des militaires du vendredi. Matthieu ne donne pas de précisions, mais dans la culture juive le lendemain du samedi commence le samedi soir même ! C’est à ce silence que nous aussi sommes conviés : là, au tombeau de Jésus, pour être conduits par quelque ange dans le mystère de sa mort et de sa vie.

Face à une telle mort il n’y a pas d’explications adéquates, sinon le silence qui « contemple » le mystère inouï de celui qui a donné sa vie parce qu’il l’a voulu, de celui qui n’a jamais mesuré son amour à celui reçu, mais il l’a donné abondamment, à la folie, même à ceux qui le reniaient, le trahissaient, lui infligeaient avec indifférence toutes sortes de souffrances. Et il était le Fils de Dieu, son image parfaite !

Nous aussi, comme les femmes, avons besoin de nous arrêter en silence, dans ce départ de Jésus de ce monde, avant qu’il n’apparaisse, clair pour ceux qui croient, que Dieu avait ainsi écrit une autre histoire, une toute nouvelle histoire, jamais vue auparavant. Car la différence entre ce crucifix et les mille autres, c’est qu’il s’est donné parce qu’il le voulait, pour une fidélité jusqu’au bout qui était l’expression de son amour.

Silence et solitude, pour méditer sur sa solitude, celle qu’il a connue sur la croix, alors qu’autour de lui le monde dans ses deux composantes, juifs et païens, le rejetait, le méconnaissait et voulait simplement rester en paix dans son propre tombeau. Et la solitude la plus affreuse, quand Celui, dont il avait toujours dit : « Je ne suis pas seul, le Père est avec moi », lui apparut loin. En vérité, aucun être humain abandonné ne peut se considérer comme inconnu pour le cœur du Christ.

Avec les femmes, nous aussi, en silence, dans nos nuits de solitude, nous nous tenons devant le mystère de notre vie et de celle des autres. De cette mort, pourtant abhorrée, qui semble danser sur nos vies à travers les guerres en cours et préparées, à travers le mal voulu, souhaité, recherché à l’égard de notre prochain. Qu’est-ce que cette nécrophilie sinon le signe d’un pouvoir maléfique qui nous tient encore en main ?

Avant de chanter alléluia, pour pouvoir le chanter, passons, nous aussi, une partie de la nuit devant le tombeau de Jésus, calmons nos paroles, éteignons les réseaux sociaux. Qui sait si d’autres logiques ne pourraient commencer à nous habiter, qui sait si dans notre désolation l’espace ne se créera pas pour qu’un ange vienne secouer notre tombeau avec le tombeau de Jésus, s’asseye sur la pierre et nous dise : « Allez sortez, sortez avec Celui qui est ressuscité, faites le monde nouveau, que la vie règne ! Et que ce ne soit jamais au prix de la vie d'autrui, mais de votre vie donnée ».

Teresina Caffi

Teresina Caffi, nata a Pradalunga (Bergamo) nel 1950, è entrata fra le Missionarie di Maria, Saveriane, nel 1971 e ha fatto la sua prima professione nel 1974. Nel 1982 è partita per il Burundi. Da lì, nel 1984 è passata nell'allora Zaire (oggi Repubblica Democratica del Congo). Licenziata in Teologia biblica, ha lavorato nell'ambito dell'animazione parrocchiale e dell'insegnamento biblico. In questi anni vive sei mesi l'anno in una comunità nella Repubblica Democratica del Congo.