Le 2 juillet, date traditionnelle dans notre famille, la jeune congolaise Françoise Rosine Wakilongo a fait ses premiers vœux comme missionnaire de Marie, Xavérienne. Voici son témoignage.
Dans notre famille je suis l’ainée de neuf enfants, cinq filles et quatre garçons. Nous sommes de la paroisse de St Guido Maria Conforti, à Panzi, à la périphérie de Bukavu. Mon papa est maçon. Chaque soir, à la maison, nous faisions la lecture et le partage de la parole de Dieu : chacun devait dire ce qui l’avait frappé et, si on ne comprenait pas, papa nous expliquait ; puis on priait ensemble et on prenait le repas. Cela a nourri en moi l’amour envers Jésus.
Dans le groupe des Jeunes missionnaires j’ai approfondi non seulement l’amour envers le Christ, mais aussi envers le prochain. Les visites que nous faisions aux vieillards et aux malades m’ont aidée à mieux comprendre qui est Jésus et ce qu’il nous demande et qu’aimer le prochain n’est pas seulement lui apporter des choses, mais aussi lui offrir la consolation qui vient de la foi en Jésus.
Le père Xavérien Antonino Manzotti, d’heureuse mémoire, m’a aussi marquée : c’était un homme débout, qui voulait nous transmettre l’amour du Christ et la conscience que la vie nous la tenons de Lui. Il a été pour moi comme un pont et j’ai compris que c’est à moi de chercher toujours à mieux comprendre le Christ. Dans le sacrement de la réconciliation, il était peiné quand il entendait qu’on ne se confessait pas depuis un certain temps : « Tu ne peux pas manger dans une assiette sale deux fois … il faut renaitre à nouveau, reconstruire ton amour envers le Christ ». Dans le groupe des vocations, il nous expliquait la vie missionnaire et un jour je l’ai approché pour mieux la connaitre.
Une fois la missionnaire de Marie Marie Dukuze est venue dans notre groupe et nous a dit que tous nous sommes missionnaires, de par le baptême : c’est à nous de développer cette vocation là où nous sommes et partout où nous serons dans le monde. Sa simplicité et son accueil envers tous m’ont touchée et j’ai commencé à fréquenter le groupe des Aspirantes chez les Xavériennes. Marie, Anna Maria et Elisa Silva m’ont été proches et m’ont fait comprendre la vie missionnaire et ses exigences.
Le moment décisif fut pour moi une session, dont le thème était la réponse de Jésus à la demande des disciples sur le lieu où il habitait : « Venez et vous verrez ». En rentrant à la maison j’ai demandé à mon papa le sens de ces paroles. Il m’a dit : « Je crois que le Seigneur a quelque chose à te faire connaitre : c’est à toi de prendre la route et de chercher à savoir, auprès de personnes qui puissent t’expliquer ». Le sens des paroles de Jésus, je l’ai trouvé dans la vie communautaire.
J’ai compris que le Christ me demandait de renoncer à l’attachement à ma famille : pas de les oublier, mais de chercher à Lui faire un peu plus de place en moi. Les quatre ans de formation m’ont aidée à cheminer. Dans les moments de découragement, j’ai expérimenté que, si je m’ouvre à sa grâce, l’Esprit Saint m’aide à mieux comprendre.
Mes parents m’ont laissé la liberté de choix : « Si tu sens que c’est là que tu seras heureuse, vas-y, que le Seigneur t’accompagne ! Autrement, tu es assez grande pour faire le choix que tu veux ». Des tantes me décourageaient, mais le jour que j’ai annoncé à la maison que j’étais admise aux vœux, elles ont été les premières à me féliciter. Cela a été une grande joie pour moi.
Les premiers vœux de chasteté, pauvreté et obéissance pour la mission que j’ai émis le 2 juillet 2022 dans ma paroisse ont été pour moi une action de grâce, de foi, de confiance et d’amour au Seigneur pour tout ce qu’il a fait pour moi durant toute ma vie. Cela n’a pas été une initiative à moi : c’est le Seigneur qui m’a permis de donner cette réponse concrète d’amour.
Je ressens la joie d’être comptée parmi les enfants de Dieu et de réaliser ce que j’avais désiré depuis longtemps, et la confiance en Dieu, le Père qui m’aime. Seigneur, bénis notre humble famille et donne-nous, par ton Esprit, la grâce d’être à ton service au milieu de nos frères et sœurs proches ou lointains.
Bukavu, le 4 juillet 2022
