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Il m’a attirée à Lui

Françoise Atumisi
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7 Juillet 2017

Françoise Atumisi, à droite, originaire du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo, le 2 juillet 2017 a prononcé à Bukavu ses premiers vœux comme missionnaire de Marie Xavérienne.

Dans mon enfance, je ne pensais pas à devenir sœur : je souhaitais plutôt d’étudier beaucoup, devenir une grande personnalité, faire les travaux que beaucoup de femmes ne faisaient pas.

Comme mes parents sont des chrétiens bien engagés et reconnaissants pour tous les bienfaits que Dieu a fait dans notre famille, leur prière était qu’une de leurs enfants serve le Seigneur dans la vie consacrée : pour eux cela aurait été comme un cadeau donné au Seigneur.

Un dimanche, en revenant de la Messe, ils m’ont appelée en me disant qu’à l’église une sœur avait invité les filles qui souhaitaient devenir religieuses ; directement ils avaient pensé à moi. Je leur répondis directement : « Non, non ! ».

Ils ont continué à se renseigner : les sœurs cherchaient les filles de cinquième et sixième des Humanités. Heureusement ! J’étais contente parce que j’étais en première C/O. L’histoire était finie, personne n’en parla plus.

Ensuite, nous avons déménagé de Goma à Bukavu. Après quelques années j’ai commencé la catéchèse en préparation au sacrement de la Confirmation. Le jour de la Confirmation, à la fin de la Messe, les Pères nous ont donné en cadeau des chapelets couverts d’un bout de papier sur lequel il était écrit le don de l’Esprit Saint qu’on venait de recevoir.

Moi j’attendais de recevoir le don de la sagesse mais je reçus le don de la « crainte de Dieu ». J’étais déçue car la pensée qui me vint fut : « C’est le don pour servir le Seigneur ». En rentrant à la maison, mes petites sœurs me demandèrent quel don j’avais reçu ; quand elles le surent, elles commencèrent à me dire qu’on ne peut pas refuser l’appel de Dieu : « Si Dieu t’appelle, même si tu refuses un jour tu accepteras ».

Je pensai alors à l’histoire de Jonas et je priais le Seigneur de me donner le désir d’aimer la vie religieuse, d’être sereine et d’avoir la joie, s’il voulait que je le serve.

Après j’ai commencé à fréquenter le groupe du Néocatéchuménat. Un jour, lors d’une retraite, j’entendis dire que les jeunes d’aujourd’hui ont peur de se consacrer au Seigneur, ils n’aiment plus le servir et s’intéressent à des choses passagères.

Cela me toucha beaucoup et je me demandai en mon cœur : « Pourquoi pas moi ? ». A la fin des instructions on nous a dit : « Si quelqu’un se sent touché par le thème et sent le désir de se consacrer, qu’il se lève et qu’on l’inscrive ». J’ai senti une force qui m’a mise debout ; en regardant aux côtés de moi, à ma grande surprise je remarquai que j’étais la seule fille débout.

A la fin, des personnes me disaient des choses décourageantes sur la vie religieuse mais je me disais : « Je me suis levée dans l’église, je ne peux pas mentir au Seigneur, je dois aller voir si c’est la volonté de Dieu ». En rentrant à la maison, j’ai dit à mes parents que je m’étais levée, que j’aimerais servir le Seigneur dans la vie religieuse. Ils m’ont dit seulement « courage ! ».

Dès lors, j’ai commencé à sentir dans mon cœur un amour fort pour Jésus, je voulais le connaitre et être proche de lui. Mais je voulais des signes pour connaître la volonté de Dieu, afin de ne pas me tromper.

Quand je suis arrivée en sixième année secondaire, dans notre école il y avait beaucoup de problèmes. Je demandais au Seigneur que si c’est sa volonté que je devienne sœur qu’il m’accorde le diplôme. Quand on m’annonça que j’avais réussi, j’étais émue.

L’idée d’aller à l’université s’est envolée. Je ne savais pas chez quelle congrégation aller, parce que je n’avais jamais pensé d’aller dans le groupe des vocations. Je commençai à  penser aux pères Xavériens parce que leur façon de vivre me plaisait beaucoup.

Je pensais que c’était parce qu’ils travaillaient avec mon papa quand nous étions à Goma, mais aussi les pères à Bukavu avaient le même comportement joyeux et simple : ils étaient proches des gens dans toutes leurs situations, alors j’ai conclu que c’était leur charisme. J’étais touchée en voyant comment ils se donnaient pour aller évangéliser dans des endroits lointains.

Cela me faisait mal de voir comment, dans les villages d’origine de mes parents, qui manquent des prêtres, les gens allaient dans les sectes et beaucoup mouraient sans baptême. Ainsi, ai-je choisi une congrégation missionnaire. Je n’avais jamais vu ni entendu les Xavériennes, alors j’ai demandé à mon papa si elles existent. Il posa la question au père Giuseppe Dovigo, qui lui donna toutes les coordonnées.

La sœur Elisa Silva, animatrice vocationnelle, m’a accueillie avec beaucoup de joie. J’étais très contente. Après quelques mois, elle m’invita à une session. Sur la feuille d’invitation, il était écrit un verset sur l’appel de Samuel. Arrivée à la maison, j’ai commencé à prier ; j’ai ouvert la Bible et je suis tombée sur le même verset qui se trouvait sur l’invitation.

Contente, je suis allée à la session ; quand on a parlé du charisme et de la spiritualité des missionnaires de Marie, j’ai vu que j’avais trouvé la réponse  à mes attentes. J’étais vraiment heureuse, je ne pensais qu’à devenir xaveriénne.

Une année après, j’ai commencé l’expérience ; de temps en temps je restais quelques jours au couvent et je me sentais comme dans ma famille, j’étais contente. J’ai commencé le postulat et par après je suis entrée au noviciat.

Dans toutes ces années j’ai trouvé Jésus, il m’a montré son visage : il est amour, rien qu’amour ! Il me comprend, il connaît mes désirs profonds. J’ai grandi dans la confiance en lui et j’ai compris qu’il ne nous abandonne jamais, il est vraiment fidèle.

La sérénité, la joie, le désir d’aimer cette vie, que je lui avais demandés quand j’avais eu ma confirmation, je les ai eus tout au long des ces années. Malgré les difficultés, j’étais sereine et cela m’a aidée à croire que cette vie c’est  sa volonté et j’ai persévéré.

Quand on m’a annoncé que j’étais admise aux vœux, j’ai vu que c’était un signe par excellence de la volonté de Dieu. J’ai dit : « C’est vrai que Dieu m’a appelée à cette vie : merci, Seigneur ! ». Ma vie future, je la mets entre ses mains, je le laisse passer devant moi comme disaient souvent nos très chers Fondateurs.