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Entre subsidiarité et solidarité /2/

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20 Septembre 2021

Quand les principes de la doctrine sociale de l'Église maintiennent l'équilibre de la mission

Deuxième partie

Solidarité et subsidiarité : ces deux clés de discernement m’ont accompagnée (et parfois tourmentée) aussi, ainsi que les sœurs avec qui j'ai partagé la mission, dans ces années passées à Luvungi, dans la Province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo : je me suis sentie souvent comme une funambule marchant sur une corde raide.

D'une part, une population en difficulté, habituée à vivre au jour le jour, dépendante de la précarité des récoltes, avec des problèmes qui dépassent ses forces tels que : payer les soins de santé, l'école, nourrir des familles nombreuses, faire face à un imprévu urgent, comme la maison qui s'effondre à cause de pluies trop abondantes... Un besoin évident d'aide, qui nous interpelle concrètement. Car le bien est toujours concret. D'autre part, une longue histoire de présence missionnaire, dans laquelle, selon les époques et les sensibilités, on a apporté de l’aide, une solidarité, de façon très généreuse et, parfois, en oubliant de rester en tension avec l'autre pôle, en générant ainsi une mentalité de dépendance ou de mendicité.

En réaction à la dépendance, mais aussi par nécessité car l'aide extérieure s'est énormément réduite au fil des années, on retrouve ces dernières années une église locale dont le refrain est devenu l’autofinancement, avec de lourds fardeaux liés sur les épaules des gens, qui doivent aussi penser à la subsistance de la paroisse, une insistance exagérée sur les « offrandes » à donner ou des attitudes de dureté face aux frères en difficulté.

Alors, comment vivre la solidarité, comment transmettre des aides de manière à remettre les gens sur pied et promouvoir leurs capacités et leurs possibilités ? Comment éviter de nourrir une mentalité de mendicité qui pour tout besoin se tournera vers la Caritas paroissiale ? Le problème n'est pas simplement de ne pas se laisser tromper, mais d'aider à grandir.

Solidarité et subsidiarité : l'une doit venir en aide à l'autre pour que l'action soit équilibrée et dans une vraie charité (Caritas in Veritate, 58), en évitant les deux dérives opposées : d'une part le paternalisme et l’attitude de donner à tout moment des aides, et d'autre part le particularisme social, qui fait oublier la partie la plus pauvre de la population qui ne peut pas s'en sortir.

Même à l'hôpital, la structure (médicaments et salaires) dépend des cotisations des malades, mais pour certains d'entre eux il est vraiment impossible de faire face aux frais médicaux. La solidarité et le respect de la vie humaine nous ont toujours guidés à ne refuser à personne un traitement (ce qui n'est pas évident, étant donné que dans beaucoup d'hôpitaux, malheureusement, si vous n'avez pas l'argent, on vous laisse mourir) ; la subsidiarité, en revanche, nous rappelle que personne n'est si pauvre qu'il ne puisse contribuer d'une manière ou d'une autre.

J'ai souvent été spectatrice de la dignité et de la gratitude des pauvres, qui m'ont appris l'importance de laisser à chacun la joie de donner, de faire un cadeau. Avant de quitter Luvungi, une jeune maman, que je n'avais pas vue depuis plus d'un an, m'a apporté un cobaye en cadeau, en m’expliquant qu'elle les élève maintenant à la maison et que cela l'aide à nourrir ses enfants. Après longtemps elle a voulu venir nous remercier de l'avoir incluse dans une activité agricole de groupe entre mères d'enfants malnutris, qui a duré quelques mois pour qu’elles parviennent à se soutenir mutuellement par le travail.

Un garçon, qui avait été mon élève, m'a donné une lettre avec un peu d’argent dedans, pour que je m'achète des unités pour le téléphone. Il existe des cadeaux spéciaux, qui symbolisent toute la dignité et la gratitude. Parfois c'est en réponse à une aide reçue, mais à l'intérieur il y a beaucoup sur le plan relationnel : à l'intérieur il y a «le saut misterieux de la liberté », comme le disait Godbout dans son essai.

Continuons donc ensemble avec créativité, sur le mince chemin de cette tension jamais résolue. Si, dans cette oscillation continue, parfois on tombe d'un côté ou de l'autre, ce n'est pas grave... on remonte, et on recommence, au moins on n'aura pas été à côté, dans l'indifférence.

Elisa Lazzari mmx

Missionaria saveriana, nata a Parma. Dal 2014 vive all'est de la Repubblica Democratica del Congo. Da maggio 2022 fa parte della nuova comunità aperta nella Diocesi di Kongolo (provincia del Tanganyika) sul grande fiume Congo, nel villaggio di Keba. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.