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Cinquante ans… MERCI !

Jeannette Byamungu Kitambala
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28 Février 2017

Arrivée à 50 ans, Jeannette Byamungu Kitambala, missionnaire de Marie, xavérienne,

actuellement à Bukavu, en République Démocratique du Congo, son pays d’origine, jette un regard sur le chemin parcouru et rend grâces.

Don de Dieu

Je suis née en 1967 à Bukavu, au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo, qui à ce moment-là s’appelait Zaïre. Notre quartier était celui de Kadutu, le plus peuplé de la ville.

Mon père s’appelait Ladislas, qui nous a quittés en 2006, et ma maman Virginie, que le Seigneur a appelée à lui l’année passée. Quand elle attendait ma naissance, au 5ème mois elle tomba malade, fut hospitalisée et resta au lit jusqu’à l’accouchement. C’est ainsi qu’elle me donna le nom de « Byamungu », don de Dieu. Ce qui rebondit au fond de mon cœur c’est un seul mot : AKSANTI, MERCI !

Merci à Dieu pour le don de la vie vécue et partagée avec ma grande famille biologique et puis avec ma famille spirituelle dans laquelle j’ai vécu plus de la moitié de ma vie. Tout est don, MERCI, GRAZIE !

J’étais son cinquième enfant ; elle en aura d’autres, au total treize enfants, dont onze vivants : cinq garçons et six filles. Merci à mes frères et sœurs avec lesquels nous avons partagé beaucoup de choses et en particulier à mon « jumeau  Arthur » qui nous a précédés, jumeau car il est né 9 ans après moi, à la même date, le 20/02/1976.

L’appel a été le plus fort

J’ai passé une enfance sereine. Quand j’avais huit ans environ, la maman tomba à nouveau malade et passa deux ans au lit. Chaque deux semaines, le père xavérien Carmelo Sanfelice venait lui rendre visite et lui administrait les sacrements. Etonnée et touchée, je me demandais : « Comment ce père a-t-il pu quitter son pays pour venir ici chez nous ? Comment prend-il ce soin de venir fréquemment rendre visite à ma maman ? Je voudrais être comme lui ! ». Mais je me disais : « C’est un homme et je ne le suis pas, et en plus un blanc et je ne le suis pas ! ». Dans ma paroisse j’avais vu des sœurs donner la Communion, elles aussi étaient blanches !

Etant petite, j’ai gardé en moi ce rêve d’être comme le père Carmelo et plus tard je connus quelques xavériennes : Félicita et Nicole, qui était de mon quartier. J’avais treize ans quand je l’accompagnai lors de son entrée chez les Xavériennes.

En 1982, Eugénie, ma sœur ainée, quitta la maison pour entrer au couvent, chez les Sœurs Filles de Marie Reine des Apôtres. Alors je me suis dit : « Quel courage devrais-je avoir pour quitter moi aussi la maison ! Qui serait l’héritière de la maman en prenant ses responsabilités au cas elle venait à mourir? et en plus papa perdra deux dots. Ce n'est pas possible ! Le Seigneur n’a qu’à chercher ailleurs, en dehors de la famille Kitambala ».

Ainsi, commençai-je à vivre comme les autres filles, et je laissai mon idée ancienne à côté. Je fréquentais aussi des garçons et un jour l’un d’eux se présenta chez nous pour me demander en mariage. Tout d’un coup, l’idée d’être comme le père Carmelo est revenue avec force. Je priai le garçon de me donner d’abord du temps avant de faire ce pas engageant envers moi et ma famille.

J’en profitai pour faire une retraite organisée par le groupe de vocation de ma paroisse, animée par le père xavérien Giovanni Montesi, d’heureuse mémoire. Le prédicateur toucha beaucoup le thème de la mission en utilisant cette prière qui m’accompagnée :

"Christ n'a pas de mains: Il n'a que nos mains pour faire son travail aujourd'hui.Christ n'a pas de pieds: Il n'a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin.Christ n'a pas de lèvres: Il n'a que nos lèvres pour parler de lui aux hommes.Christ n'a pas d'aides: Il n'a que notre aide pour mettre les hommes à ses côtés.Nous sommes la seule Bible que le public lit encore.Nous sommes le dernier message de Dieu ecrit en actes et en paroles." ( Prière anonyme du XVème siècle)

 Cette prière résonna en moi très fortement et me donna le courage de dire non au garçon qui voulait ma main. Mes parents accueillirent ma décision sans problème. Peu après, mes études secondaires terminées, je suis entrée chez les Xavériennes : c’était le 16 juillet 1989.

Reconnaissance

La vie missionnaire et religieuse n’a pas toujours été facile, les crises ne sont pas manquées, mais le Seigneur m’a toujours fait rencontrer les personnes justes au juste moment, qui m’ont conseillée. Merci pour Son Amour et sa Fidélité qui ont accompagné les moments de doute et d’incertitude.

Maintenant, à 50 ans d’âge, je regarde le chemin parcouru et je remercie le Seigneur pour ses merveilles dans ma vie. Dans ma langue shi on dit : erhali emishugi : il n’y a pas d’épines qui puissent empêcher de vivre la vie, pour dire que la vie est belle et surtout je ne regrette rien du choix que j’ai fait pour « être comme le père Carmelo » : ça vaut la peine de se dépenser pour l’Evangile !

Je remercie mes parents et ma famille toute entière qui m’a toujours soutenue et tous ceux par lesquels le Seigneur m’a montré sa miséricorde tout au long des années.

Je lui demande de me rendre instrument de sa miséricorde jusqu’au bout de ma vie, partout où il voudra que je sois.