Skip to main content

En souvenir d'Olga Raschietti, Lucia Pulici e Bernardetta Boggian,

Teresina Caffi
1271
14 Septembre 2014

En souvenir de nos sœurs missionnaires de Marie-Xavériennes: Olga Raschietti, Lucia Pulici e Bernardetta Boggian,

  • assassinées à Kamenge – Bujumbura dans les après-midi du 7 septembre 2014 et la nuit suivante.

C’est avec un cœur rempli de douleur et encore incrédule que nous avons accompagné mercredi 10 et jeundi 11 semptembre 2014 les corps de nos sœurs Olga Raschietti, Lucia Pulici et Bernardetta Boggian depuis Kamenge jusqu’à Bukavu, pour les ensevelir dans le cimetière du quartier de Panzi, avec tant d’autres missionnaires et dans cette terre d’Afrique qu’elles ont aimée et où elles ont vécu trente années et plus. Nous sommes sûres que c’était leur désir.

Nous remercions les Evêques, nos frères Xavériens, les prêtres et sœurs qui sont venus prier avec nous, les Autorités, les forces de l’ordre, toutes les personnes qui ont pleuré avec nous et qui nous ont soutenues dans la foi dans la résurrection et dans le triomphe de la vie. Nous faisons ici mémoire en bref de leur vie. Elles étaient toutes originaires du nord de l’Italie.

Olga Raschietti

OLGA con bimbo

La sœur Olga Raschietti était la plus âgée, venait de fêter ses 83s ans. Elle était née à Sant’Urbano di Montecchio Maggiore, dans la province de Vicenza en 1931 et à l’âge de vingt-cinq ans elle était entrée chez les missionnaires de Marie à Parma.

En septembre 1968, elle était venue au Congo ; après l’étude de la langue, Olga avait travaillé dans plusieurs paroisses du diocèse d’Uvira : Kiliba, Uvira, Kamituga… et en 2007-2009 elle avait aussi vécu dans notre communauté de Bukavu à Nguba. Avec courage et amour, Olga avait partagé l’insécurité de la population congolaise dans les années difficiles de la guerre.

Son service, c’était la catéchèse et la pastorale. Elle avait un véritable souci d’aider ses frères et sœurs à connaître Jésus et à le suivre dans l’église. Elle aimait beaucoup rencontrer les gens, nouer des relations et par là elle transmettait son amour pour le Christ et l’amour que le Christ lui donnait.

De 1975 à 1977 elle avait été Déléguée des xavériennes au Congo et au Burundi.

On 2010, Olga avait été transférée au Burundi, dans la communauté de Kamenge, quartier de périphérie de Bujumbura, dans la paroisse S. Guido Conforti, où travaillent les Missionnaires Xavériens. Bien que les forces ne fussent plus celles d’antan, son zèle apostolique était resté le même. Elle aimait rencontrer les gens dans les rues, leur rendait visite chez eux et avec joie accompagnait en particulier des personnes âgées qui ne pouvaient pas se rendre à la paroisse, dans la préparation aux sacrements.

Chaque fois que, surtout dans ces dernières années, son faible état de santé la ramenait en Italie, son plus vif désir, dès qu’elle recouvrait la santé, était de partir à nouveau. Au mois de juillet de 2013, elle confiait à une sœur : “J’ai désormais franchi le seuil des 80 ans. Lors de mon dernier retour en Italie, les supérieures étaient incertaines quant à ma rentrée au Burundi. Un jour, pendant l’adoration, je priai : « Jésus, que ta volonté soit faite ; tu sais toutefois que je désire encore partir ». Me vinrent à l’esprit, d’une manière très claire, les paroles que voici : « Olga, penses-tu que c’est toi qui sauves l’Afrique ? L’Afrique est à moi. Néanmoins, je suis heureux que tu partes : vas-y et donne ta vie ! ». Depuis lors, je n’ai plus douté”.

Lucia Pulici

Lucia Donne

La sœur Lucia Pulici aurait fêté, le lendemain du massacre, ses 75 ans. Elle était née dans la ville de Desio, en province de Milan, le 8 septembre 1939. En 1960, à l’âge de 21 ans, elle était entrée chez les missionnaires de Marie. Dix ans plus tard, elle fut envoyée au Brésil. Elle travailla surtout dans le nord du pays, en Amazonie, en exerçant pendant huit ans sa profession d’accoucheuse et d’infirmière, surtout parmi les pauvres.

C’est en 1982 qu’elle arriva au Congo, où elle resta jusqu’en 2007, en travaillant avec amour et zèle à Uvira, Luvungi, Nakiliza et enfin à Mbobero. Dans son service à la vie, elle aida beaucoup d’enfants à venir au monde, beaucoup de mamans dans le parcours de leur maternité.

En 2007, quand désormais son âge et son état de santé ne lui permettaient plus de continuer ce service, Lucia fut appelée à faire partie de la communauté de Kamenge, au Burundi.

Elle parvint à accepter sa nouvelle situation en découvrant toujours davantage que l’essentiel était sa vie donnée au Seigneur dans la mission, dans la joie, l’accueil et la prière. Selon ses forces elle rendait service à la communauté, accueillait les gens et les sœurs de passage, soignait quelques pauvres et rendait des services à la paroisse.

En octobre 2013, à la veille de son retour au Burundi, elle disait: «Je vais rentrer au Burundi, à mon âge, avec un corps faible et plein de limites, qui ne me permet plus de courir jour et nuit comme avant.

A l’intérieur de moi-même, toutefois, je crois pouvoir dire que l’élan et le désir d’être fidèle à l’amour de Jésus pour moi  en le concrétisant dans la mission, est toujours vivant. La mission m’aide à lui dire, dans la faiblesse : « Jésus, regarde, c’est mon geste d’amour pour toi ! ».

Bernardetta Boggian

Bernardetta scuola

La sœur Bernardetta Boggian avait 79 ans. Elle était née le 17 mars 1935 dans le village d’Ospedaletto Euganeo, en province de Padoue. En 1961, à l’âge de vingt-six ans, elle était entrée chez les Missionnaires de Marie-Xavériennes. En 1970, elle avait été envoyée au Congo, où elle passera la plupart du reste de sa vie.

A Kamituga, Kiliba, Uvira et Luvungi, Bernardetta se dévoua dans le travail pastoral et en particulier pour la promotion de la femme, dans les foyers. Elle croyait beaucoup à l’importance de l’alphabétisation et dans ses dernières années à Luvungi elle travailla, avec une équipe d’alphabétiseurs, à l’alphabétisation des adultes. A partir de 1985, elle vécut quelques années à Bukavu comme formatrice des jeunes filles qui se préparaient à la vie missionnaire.

En 1978 elle fut appelée en Italie comme conseillère générale, charge qu’elle exercera pour six ans et qu’elle accomplira aussi de 1993 à 1996. A son retour au Congo, en septembre 1997,  juste après la première guerre, Bernardetta passa encore dix ans à Luvungi, en partageant avec la population les dangers et la souffrance de la guerre ainsi que l’espoir de jours de justice et de paix.

Sœur Bernardetta savait approcher tout le monde avec simplicité et tendresse. Son sourire faisait sentir bien accueillie toute personne qui l’approchait.

Fin 2007, Bernardetta fut envoyée à Kamenge, au Burundi. Pendant des années elle a été la responsable de la communauté et a vécu au milieu des gens, en participant à la vie de la communauté ecclésiale vivante et de la Paroisse, et en accompagnant les jeunes, filles et aussi garçons, dans l’école de couture de la paroisse ; elle était toujours attentive aux nécessités des plus pauvres.

Fin aout 2013, à la veille de son départ pour le Burundi, elle écrivait. « Nous devons nourrir en nous un regard de sympathie, respect, appréciation pour les valeurs des cultures, des traditions des peuples que nous rencontrons. Cette attitude, outre que donner sérénité au missionnaire, aide à trouver plus facilement le langage et les gestes opportuns pour communiquer l’évangile… Malgré la situation complexe et conflictuelle des pays de la Région des Grands lacs, il me semble de percevoir la présence d’un Règne d’amour qui se construit, grandissant comme une graine de sénevé, d’un Jésus présent donné pour tous. A ce point de mon chemin, je continue mon service parmi mes frères d’Afrique, en cherchant à vivre avec amour, simplicité et joie »


Chères Olga, Lucia, Bernardetta,

votre départ nous fait sentir plus pauvres. Nous ne savons pas quelle est la main assassine qui vous a privées de la vie en ce monde. Nous savons toutefois qu’il n’a pas détruit votre mission, il ne l’a pas interrompue. Plutôt, il l’a achevée, il l’a menée à son accomplissement.

Car votre vie, vous l’aviez donnée au Seigneur et à vos frères et sœurs. Et maintenant vous avez tout donné, et je suis sûre que vous prierez aussi pour celui ou ceux qui vous a ôté la vie, pour qu’ils trouvent le chemin de la repentance. Merci de ce que vous avez été pour nous, de ce que vous avez donné à tant de personnes.

Vous qui avez connu l’angoisse et la douleur, priez pour tous les peuples des Pays des Grands Lacs et du monde, pour qu’ils trouvent la paix, la sécurité, la dignité qui conviennent aux enfants de Dieu. Priez pour nous tous.

Vos sœurs, les missionnaires de Marie - Xavériennes.