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Qu’est-ce que la vocation missionnaire ?

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1 Mars 2024

Je ne saurais pas le dire. Peut-être cette nostalgie des grands horizons qui m’a saisie quand j’étais à peine plus qu’une adolescente et que je regardais la cime du sapin se détacher dans le ciel au coucher du soleil, dans le court espace de ciel entre ma maison et les autres. Cette envie d’aller plus loin qui me tenait en toutes choses.

Ou peut-être l’inquiétude que j’éprouvais lorsqu’avec d’autres jeunes de mon village nous suivions des films sur la situation du monde, sur ses tragédies et leurs causes, qui interpellaient notre monde occidental, mon monde... Comme un besoin urgent de restitution.

Et puis cette fois-là, sur la pelouse, en regardant le ciel clair, j’ai eu la perception que Dieu était quelque chose de beau qui méritait d'être recherché toute ma vie. Et l’envie de trouver un sens définitif, un choix qui valait même au-delà de l’efficacité physique. Bref, remettre ma vie.

Est-ce la vocation missionnaire ? Aller enfin en Afrique attendue comme en lune de miel et désirer y rester pour toujours, même sans en revenir. Le plaisir de rencontrer, de découvrir, l’émerveillement de nouer des relations avec des personnes d’une autre histoire, d’une autre culture, d’une autre langue...

La joie de se retrouver, la résistance dans les quelques choses désagréables, l’effort mais aussi la découverte de la langue, la joie de commencer à se comprendre et à parler... et enfin se sentir chez soi, même si on demeure des invités. L’émerveillement de se faire conter sans crainte d’autres visions du monde. L’étonnement de lever mes mains parmi les autres et de prier ensemble le Notre Père.

La vocation missionnaire est comme un grand amour qui fleurit en nous et que même nous ne savons pas comment expliquer. Nos rêves précédents sont dépassés par quelque chose qui nous saisit et prend plus notre cœur qu’eux. Rencontrer, partager, offrir et recevoir.

À la racine de tout, on le découvre peu à peu, il y a un Dieu en sortie, la joie qu’il nous donne de partager son amour sans limites, cette espérance au-delà de tous les horizons, cette certitude de sa présence qui nous rend confiant. C’est le rêve d’un monde juste, en recevant de lui chaque jour la force d’y croire.

C’est de cette miséricorde dont j’ai la première besoin. L’Afrique l’a eue pour moi et mon remerciement est d’essayer de la rendre. Parce que sans cela, on ne peut pas vivre.

La vocation missionnaire est se découvrir de plus en plus derrière par rapport à ses rêves, encore au début, encore avec des préjugés, toujours avec des erreurs, mais en se laissant entraîner en avant.

La vocation missionnaire est être toujours habitée par la nostalgie des places vides, des absents, des exclus. C’est refuser toute appartenance exclusive à quelqu’un pour appartenir avec le même cœur à l’étranger qui frappe aujourd’hui à ma porte.

La vocation missionnaire n’est pas un travail suivi d’une retraite, c’est une condition d’être et elle est toujours valable, même si l’on est cloué au lit. Parce que c’est le cœur qui sort en premier.

C’est découvrir, après des années, que l’on a reçu bien plus que ce que l’on a essayé de donner, bien plus appris que ce que l’on a essayé de proposer.

La vocation missionnaire nous rappelle que nous sommes une seule famille humaine, rachetée et réunie par Jésus à la gloire du Père. C’est voir en chaque être humain un frère, une sœur pour qui le Christ est mort, comme Paul le dit aux Romains. Et ne pas penser à notre Paradis sans eux.

Bukavu, le 26 février 2024

Teresina Caffi

Teresina Caffi, nata a Pradalunga (Bergamo) nel 1950, è entrata fra le Missionarie di Maria, Saveriane, nel 1971 e ha fatto la sua prima professione nel 1974. Nel 1982 è partita per il Burundi. Da lì, nel 1984 è passata nell'allora Zaire (oggi Repubblica Democratica del Congo). Licenziata in Teologia biblica, ha lavorato nell'ambito dell'animazione parrocchiale e dell'insegnamento biblico. In questi anni vive sei mesi l'anno in una comunità nella Repubblica Democratica del Congo.