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Carême quatrième semaine: Mission c’est soigner les blessures saignantes de l’humanité

Delia Guadagnini
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7 Mars 2018

« Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10,37)

Discrète, active, avec peu de paroles, la compassion soutient le monde.

C’est la couture cachée qui le garde uni et il l’empêche de se décomposer en millier de morceaux. Elle habite hommes et femmes, jeunes, vieux et enfants, chaque latitude et n’appartient pas de façon exclusive à une confession. C’est une semence de lumière et beauté que l’Esprit de Dieu sème chaque jour sur les routes du monde, dans les maison des gens et même là où il semble régner la violence. Cette compassion a pris le visage de Jésus de Nazareth, le bon berger. Jésus l’a incarnée dans sa vie et il l’a rendue visible avec sa façon d’agir, parler et vivre parmi le peuple d’Israël, à travers son passage dans le monde en faisant le bien, c’est ainsi qu’il a narré la bonté de Dieu. 

Il a accueilli n’importe qui s’est approché de lui, soit ses disciples, qui étaient déjà dans une relation plus intime avec lui, soit les foules qui le cherchaient de façon de plus en plus persistante et insistante. Il a su discerner le besoin concret des personnes : la fatigue des corps et des cœurs de ceux qu’il a appelés à l’annonce de l’évangile, la faim des paroles et de pain de ceux qui vaguaient sans guides qui donnent du sens à la marche. Il a répondu aux besoins en s’en chargeant : il a pris avec soi les disciples, il s’est attardé avec les foules, il a donné aux uns et aux autres du temps et de l’énergie, c’est à dire la lymphe de la vie.

 La compassion est le don que Dieu nous a fait, est l’eau qui nous donne vie, l’air qui nous fait respirer, le manteau de lumière qui nous enveloppe chaque matin. Elle nous embrasse tels que nous sommes, avec notre péché et nos mille faiblesses, notre humanité. Elle nous pousse de sortir de nous-mêmes pour devenir des lieux où il puisse encore exister et être active la passion de Dieu pour le monde. 

Deux médecins, Xavier et Daniel travaillent au soins d’urgences du camps des réfugiés. Ils 

accueillent un camion chargé de blessés par arme lourde. La tâche la plus urgente est évaluer ceux qui sont soignables et non. De façon technique et professionnelle, sans se laisser prendre trop par l’émotion : et cela pour le bien de ceux qui ont encore une possibilité de survivre. 

Devant une jeune femme éventrée par un coup de mortier, le diagnostique des deux médecins est rapide et identique : rien à faire. Mais, pendant que Xavier passe chez un autre blessé, Daniel saute sur le camion, prend la femme dans ses bras et il commence à lui parler doucement, en lui caressant les cheveux. Elle mourra dans les bras d’un inconnu, délivrée ni de la mort ni des douleurs, mais de cette peur qui accompagne souvent ce qui meurent : la terreur d’être seul, abandonné. « En accompagnant la solitude de l’être vivant jusqu’à la limite extrême où il est encore possible de lui tenir compagnie, Daniel a aboli la solitude de cette femme mourante et, au même temps, maintenant je le sais avec certitude, la solitude humaine universelle, pour le temps d’un instant » écrira plus tard Xavier.

« Va, et toi aussi fais de même »… et à la prochaine, Mungu akipenda!