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Vers ceux qui ne le connaissent pas encore…

Véronique Assumani
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7 Juillet 2017
Véronique Asumani est originaire de Kasongo, au Maniema, en République Démocratique du Congo.

Le 2 juillet 2017, à Bukavu, elle a prononcé ses premiers vœux comme missionnaire de Marie, Xavérienne. J’avais 11 ans. Un samedi, vers 11 heures, nous avions la messe de notre école. A la fin, au moment de donner les nouvelles, une sœur de St Joseph de Moba, qui était notre maîtresse cette année-là, dit à tout le monde :

«Dans notre paroisse, nous allons commencer le groupe des vocations, pour faire connaitre Jésus, car beaucoup de gens ne le connaissent pas encore». Elle donna même des exemples de mon milieu, en disant que des gens meurent sans recevoir les sacrements, d’autres qui ont soif d’écouter la parole de Dieu, de communier même une fois par an n’ont pas cette possibilité.

Ses paroles me touchèrent beaucoup : tout de suite, j’allai m’inscrire, ma la sœur se montra incertaine et me dit que je devais d’abord informer mes parents. Elle avait raison : ce n’est pas normal qu’un enfant de 11 ans prenne des décisions tout seul. Moi j’insistai, finalement elle m’inscrivit.

Ce jour-là, je restai triste en pensant aux gens qui ont soif de Jésus. A la maison, ma maman me demanda : «Véro, pourquoi es-tu triste?». Je n’eus pas le courage de lui dire ce que je sentais dans mon cœur, je lui répondis que j’avais beaucoup dansé à la messe et elle me crut.

J’ai commencé à participer à ce groupe, mais je n’avais pas le courage d’en informer mes parents, en craignant qu’ils auraient refusé. En effet, ils avaient perdu beaucoup d’enfants et nous étions restés à six : quatre filles et deux garçons. Dans le groupe on avait commencé la caisse, et moi, je ne savais pas où trouver l’argent sans le demander à mes parents. Finalement, un jour j’ai eu le courage de les informer. J’ai trouvé le contraire de ce que je pensais : mes parents étaient super contents !

Pendant tous ces années où j’ai aspiré à devenir sœur, ma nourriture était la prière, les conseils de mes parents, les instructions que je recevais dans le groupe et la parole de Dieu que je méditais. Je disais chaque jour  à Jésus: « J’ai confiance en toi ; si c’est ta volonté, fais-moi toujours sentir ce désir ». En effet, j’ai grandi jusqu’aujourd’hui avec le désir de faire connaitre Jésus. Le moment d’adolescence est venu, mais le Seigneur m’a aidée en passant par ma maman.

J’ai choisi les missionnaires de Marie Xavériennes, pour plusieurs motifs. D’abord, le témoignage des missionnaires Xavériens qui sont dans ma paroisse : je voyais leur souci de faire connaitre Jésus, d’annoncer sa Parole, en travaillant jour et nuit sans se fatiguer. Avec le soleil de Kasongo, ils devenaient rouges… Je disais dans mon cœur : « Si tous ces Pères sont ici en train de souffrir, ce n’est pas parce qu’ils manquent de quelque chose chez eux, mais pour faire connaitre Jésus ». Et j’ai dit : « Moi aussi je serai  comme ces Pères par la grâce de Dieu ».

Une autre raison c’est l’expérience que j’ai vécue quand je partais dans le village d’origine de ma maman pour les vacances. Chaque dimanche je partais à la messe avec mon grand-père, et chaque fois on faisait seulement la célébration de la Parole, sans consécration ni communion. Cela me faisait très mal. Un jour, je demandai à mon grand-père : « C’est tout ? ». « Oui ». « Pourquoi comme cela ? ». « Parce que nous n’avons pas de prêtres ». Je lui dis : « Si j’étais un homme, je pourrai devenir prêtre ». Il me répondit : « Même en étant femme tu peux faire beaucoup de choses ». Cette phrase m’a beaucoup encouragée dans mon cheminement.

Encore, dans le village où mon papa travaillait, je voyais que les gens faisaient de kilomètres pour aller recevoir les sacrements. Enfin, une autre chose qui m’a donné le courage et l’enthousiasme missionnaire, c’est l’assassinat de nos trois sœurs : Lucia, Olga et Bernardetta. J’étais très touchée et par là j’ai compris que l’obéissance à la volonté de Dieu passe par la croix. De même, Abraham, par obéissance, a accepté de donner son fils Isaac ; et Jésus, par obéissance à son Père, a accepté de mourir sur une croix.  Donc, il n’y a pas de vie missionnaire sans croix.

Quand je suis arrivée à Bukavu pour la formation, j’étais un peu perdue : je ne connaissais personne, tout était nouveau pour moi. Petit à petit, Jésus, le seul que je connaissais, m’a aidée à m’intégrer, jusqu’aujourd’hui où je deviens xavérienne.

Les sœurs que j’ai trouvées dans la communauté, par leur simplicité, m’ont aidée à ma retrouver. Les paroles de Jésus « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20b) m’ont soutenue en chaque moment de ma vie. Sa présence me soutient toujours.

Je suis très heureuse d’être aujourd’hui religieuse xavérienne. J’ai trouvé un synonyme de mon désir dans la finalité des xavériennes : l’annonce de la bonne nouvelle aux non-chrétiens. Je pense que je ne me suis pas trompée en choisissant cette congrégation.

De tout mon cœur, je remercie le Seigneur qui m’a gardée pendant tout ce temps dans son Amour avec ce désir de le faire connaitre. Je remercie beaucoup mes parents pour leurs conseils et la liberté qui m’ont donnée de faire mon choix. Je remercie chaque personne qui a contribué à ma formation, surtout la sœur Anna Maria Oppo, qui fut ma maîtresse et tous les pères Xavériens par leur exemple de vie.

Remercions le Seigneur pour les merveilles qu’Il accomplit dans notre vie.